Cheick Aïma Boikary Fofana le Président National du Conseil Supérieur des Imams, des Mosquées et des Affaires Islamiques (COSIM), Imam Principal de la Grande Mosquée des 2 Plateaux- Aghien Cocody, Imam des Imams, Guide de la Communauté Musulmane en Côte d’Ivoire n’est plus. Il a rendu l’âme le dimanche 17 mai 2020 (24 Ramadan1441 de l’Hégire) dernier dans la soirée dans une clinique privée à Abidjan des suites de la maladie à Coronavirus (COVID 19) dans sa 77ème année. Deux jours après le mardi 19 mai il a été inhumé dans la stricte intimité familiale au cimetière municipal d’Adjamé-Williamsville. Etaient présents quelques membres de sa famille biologique, des Imams et du Ministre d’Etat, Ministre de la Défense Ahmed Bakayoko qui représentait le gouvernement ivoirien. En son temps, nous avons nourrit le vaste projet d’écrire un ouvrage-document sur la vie du Cheick afin d’immortalisé pour la postérité tous les actes, faits et gestes qu’a posé cet emblématique, charismatique et célébrissime guide religieux que nous avons intitulé « Le destin d’un Guide visionnaire, de belles années au service de la communauté ». Mais hélas par la méchanceté des uns et des autres notre rêve n’a pu voir le jour. Malgré tout, nous avons décidé de nous contenter de lui rendre un vibrant hommage à titre posthume à travers ces lignes car il le mérite. Durant de nombreuses années, il s’est battu pour l’organisation de la communauté musulmane de Côte d’Ivoire. Il en est devenu le chef, juste retour des choses de cette marque de reconnaissance de la communauté pour laquelle il a tout donné. Le Cheick Aïma a toujours su montrer une main de fer dans un gant de velours. Assez ferme quand il le fallait, mais suffisamment souple pour ne pas rompre le rubicond. Comme un vrai chef. Directeur des Ressources Humaines d’une grande banque de la place jusqu’à sa retraite, l’exemple d’une vie bien remplie. L’historienne française Marie Miran dans son livre intitulé « Islam, histoire et modernité en Côte d’Ivoire » à la page 301 dit de lui « Boikary Fofana fut le grand stratège et le principal architecte du réformisme islamique ivoirien ». L’Imam Boikary Fofana a joué un rôle déterminant dans la structuration de l’Islam moderne en Côte d’Ivoire. Au cours des quatre dernières décennies il a su insuffler un réel dynamisme à la communauté notamment en favorisant l’émergence de nombreuses associations communautaires dont l’AEEMCI (Association des Élèves et Etudiants Musulmans en Côte d’Ivoire), la LIPCI (Ligue Islamique des Prédicateurs en Côte d’Ivoire), l’AJMCI (Association des Jeunes Musulmans en Côte d’Ivoire), le CNI (Conseil National Islamique), le COSIM. Invité par le Gouvernement américain à participer à un forum islamique, l’Imam Boikary Fofana s’est envolé en août 2002 pour les USA. En marge de ce forum, il devait animer la convention annuelle de la LICAN (Ligue Islamique de la coordination de l’Amérique du Nord) dont il est l’instigateur et le Chef spirituel. Ce séjour aux Etats-Unis estimé au départ à un mois s’est finalement transformé en un exil de 4 ans. C’est justement pendant qu’il était absent de la Côte d’Ivoire qu’il a été plébiscité le mardi 25 avril 2006 par l’ensemble des Imams a la Grande Mosquée de Treichville de façon consensuelle pour occuper la fonction de Cheick Aïma c’est-à-dire Guide Suprême de la Communauté. C’est ainsi qu’il a mis fin à son séjour américain pour regagner le pays le 25 octobre 2006. Ainsi durant tout son règne il s’est voulu le chantre de la moralisation de la société ivoirienne. Réconcilier les ivoiriens a toujours été sa préoccupation et il a mis cela en première ligne dans son agenda et, il a mit toute son énergie pour ressouder le tissu social déchiré par plusieurs années de crise.Au cours d’une visite à sa résidence il a laissé entendre « Nous avons un rôle de moralisation de la vie publique dans le rapprochement des cœurs des ivoiriens ».Il faut rappeler que précédemment il était le chef du département communication et formation et porte-parole du COSIM. Il a fait 9 ans études au Caire en Egypte dans la plus prestigieuse université du monde arabe AL Asar où il a obtenu un diplôme supérieur en Economie et Management. Il parlait parfaitement quatre langues : le français, l’arabe, l’anglais et le malinké. Il est rentré définitivement en Côte d’Ivoire en 1972. Au dire de l’Imam Cissé Djiguiba de la Grande Mosquée du Plateau, le Cheick Aïma ne s’est jamais battu pour être à la tête d’une structure islamique. Il portait toujours son choix sur d’autres personnes. Il était natif de Tiekorodougou dans le département d’Odienné. A son retour du Caire il se maria à une jeune femme d’Adjamé dont il divorça par la suite. De cette union est née son unique enfant, une fille. Il avait pris une seconde épouse en 1990. Merci Cheick Aïma pour tout ce que tu as donné à la communauté musulmane, merci pour tes messages de paix, de cohésion sociale, de vivre ensemble, merci pour tes sermons poignants, merci pour avoir servi de bons offices dans les conflits et différents qui ont souvent opposée les fils et filles du pays dans la discrétion. Merci pour tes conseils avisés, merci pour tes actions a la CDVR, a la CONARIV. L’Histoire se souviendra toujours de toi. Repose en paix et qu’Allah ait pitié de ton âme.
Koné Sékou Ismaël, Journaliste.
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